Auteur : Ekaterina Sedia
Editeur : Le Belial'
Traduction : Pierre-Paul Durastanti
Couverture
:
Si
ce n'est pas la couverture qui m'a attiré l'oeil, j'ai malgré tout
aimé détailler cette illustration de Nicolas Fructus : les rouages, les cheveux, les
éclats de porcelaine... En fait, j'aime encore plus l'atmosphère
qui s'en dégage après avoir terminé ma lecture et qui correspond
étrangement à mon état une fois le livre terminé ! Cerise sur le gâteau : des illustrations en entêtes de chapitres en font un très bel objet !
Avis
:
Tout
d'abord, je ne peux que remercier Babelio et Le Bélial' pour m'avoir
donné l'occasion de découvrir l'Alchimie de la Pierre.
là
où le livre a tout de suite brillé, c'est par ses descriptions qui
font la part belle aux couleurs et aux odeurs. L'autrice livre ainsi
une vision vibrante de son univers et de la ville dans laquelle se
déroule l'intrigue. Des tons colorés et chaleureux des beaux jours
à la noirceur et à l'odeur de suie et de sang des combats, chaque
nuance est maîtrisée, placée avec précision comme un coup de
pinceau sur un tableau. Toute cette palette de couleurs et les odeurs
associées n'ont pu que me happer pour me plonger au coeur de cet
univers, directement aux côtés des personnages. Pourtant, c'est
également un texte exigeant qui nécessite toute notre attention
pour être vraiment compris et assimilé, mais le jeu en vaut
largement la chandelle tant chaque phrase a sa place dans ce très
beau texte.
On
va ainsi y découvrir la vie et les déboires de Mattie, automate
alchimiste au coeur d'une large cité jamais nommée. Les
bouleversment qui vont suivre m'ont secouée à de nombreuses
reprises : on y trouve à la fois de la beauté – celle du texte et
celle de belles relations humaines – mais aussi tellement de
cruauté. J'ai tourné les pages une à une, guidée par l'espoir d'y
voir une éclaircie, jusqu'à la fin déchirante qui m'a laissée
vide et triste. Et pourtant, même cette conclusion terrible laisse
entrevoir un rien d'espoir.
Je
ne vous cacherai pas non plus que de nombreux passages ne m'ont que
trop rappelé notre monde : Les individus sacrifiés pour la
politique des uns et la guerre des autres, les discriminations
arbitraires et stupides qui broient des populations entières et qui
brisent Mattie l'automate émancipée que personne n'accepte
vraiment... Je n'ai pu qu'y voir une autre vision de notre monde, une
version différente d'un système absurde qui va sacrifier des
individus pour pouvoir continuer à fonctionner. Mais malgré la
cruauté, l'absurdité et la violence, de belles choses arrivent et
ajoutent un peu de douceur et d'espoir à cette histoire. Oui, j'ai
eu le coeur serré par L'Alchimie de la Pierre parce que tout les
personnages font preuve d'humanité, dans tout ce qu'elle a de pire
et de meilleur.
Les
scènes d'actions se font ainsi très rares et courtes pour laisser
toute leur place aux personnages et même les passages les plus durs
se déroulent parfois en huis clos, au sein d'une maison recouverte
de rosiers... N'en attendez pas un rythme effrenné car, même si ces
250 pages passent très vite, l'intrigue prend plutôt une allure de
lent crescendo implacable : Mattie ne peut rien empêcher et ça a
été terrible de la voir se débattre en vain. Chaque progrès n'est
qu'une illusion. Un moment est forcément venu où j'ai compris que
cette histoire ne pouvait pas se finir bien. Même plusieurs jours
après l'avoir refermé, écrire cette chronique me replonge dans la
même amertume...
Personnage
préféré :
Comment
ne pas tous les aimer, je ne sais pas... Et surtout, comment ne pas
apprécier Mattie ? Elle n'est pas faite de chair et de sang mais
elle se montre pourtant bien plus humaine et compréhensive que bien
des gens. J'ai beaucoup aimé la subtilité avec laquelle ce
personnage mécanique se montre bien plus sensible qu'il n'y parait
et comment, petit à petit, j'ai oublié complètement qu'elle est un
automate.
Je crois qu'il y a assez peu de lectures qui, du début à la fin, font preuve d'autant d'humanité dans les sujets qu'ils traitent. Ekaterina Sedia nous offre un roman poétique, beau mais aussi très cruel. Dans cet univers, au fond, tous luttent pour trouver leur place, qu'ils soient femmes, ouvriers, orphelins... Ou automate émancipée qui ne rêve que de liberté.
Eh bien, eh bien... je me le note x)
RépondreSupprimerOlalala oui <3 :D
SupprimerJE LE VEUX MÉCHANTE QUE J'AIME FORT.
RépondreSupprimerJ'aime comment tu parles de livres. Mais tu me tentés trop.