22 juin 2016

Mémoires de Lady Trent - Tome 1 : Une histoire naturelle des dragons







Auteur : Marie Brennan
Editeur : L'Atalante
Format : Broché









Couverture :
Ouh, purée. Superbe. Je la trouve superbe. On parle certes du maître Todd Lockwood, mais ça ne change pas le fait que qu’il a -encore- fait un travail de folie. D’ailleurs, sa couverture du tome 4 a été nominée aux Chesley Awards. Mais revenons à nos dragon : Celui dessiné ici est magnifique, je trouve. Très détaillé, le dégradé façon croquis anatomique est très bien réalisé, détaillé, annoté… A noter également qu’il y a des illustrations intérieures tout aussi magnifiques. C’est vraiment un très beau livre visuellement parlant.

Résumé :
«Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls.»

Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie Brennan, racontent la vie et les recherches d'Isabelle Trent, naturaliste mondialement connue et désormais vieille dame, dont l'esprit et le style empreints d'humour s'avèrent sans pitié pour les imbéciles. Dans ce premier volume, Isabelle, petite fille puis jeune femme, brave les conventions de sa classe et de son temps pour satisfaire sa curiosité scientifique et accompagner son mari lors d'une expédition à la recherche des dragons de Vystranie...

Un livre de facture raffinée, qui s'adresse aux amateurs d'époque victorienne, de fantasy, et n'est pas sans rappeler le travail baigné de naturalisme et d'imaginaire de Pierre Dubois dans La grande encyclopédie des fées.

Avis :
Comme je l’ai déjà dit, il n’a pas fallu plus de quelques mots pour me convaincre d’acheter ce livre. Le mélange des genres - autobiographie, aventure et fantasy - m’a intriguée… Et le pari est réussi !

Le ton est rapidement donné : Lady Trent, de son prénom Isabelle, vous racontera sa jeunesse mais ne se prive pas de commentaires ou de réflexions parfois acerbes qui apporteront une touche d’humour rafraîchissante au récit. C’est souvent lors de ces passages, où lady Trent s’adresse directement au lecteur, qu’on ressent le côté biographie ( fictive ) du récit. Mais l’auteure ( La vraie, pas Lady Trent ! ) sait mettre cet aspect au second plan pour laisser la place à un style beaucoup plus proche de l’histoire et des personnages, plus adapté à un roman d’aventure.

Ainsi, on plonge vraiment au cœur du récit. J’en suis venue à oublier que je lisais une “autobiographie”. Assez de détails nous sont apportés pour donner une vraie consistance à l’univers et à l’histoire. Ainsi, si on pourrait dire que l’intrigue est trop précise pour être réellement tirée des mémoires de quelqu’un, tout ces détails aident à se sentir plus proche de l’histoire en donnant plus de force aux événements et aux sentiments des personnages.

L’histoire démarre cependant relativement lentement puisque nous suivons Lady Trent depuis ses plus jeunes années. On la découvre déjà très curieuse et dotée d’un grand esprit analytique. Bien que j’aie vraiment apprécié de découvrir son évolution et ses difficultés pour se faire accepter telle qu’elle est, cette relative menteur pourrait décourager les plus férus d’action, d’autant plus que même après le fameux départ en Vystranie, les événement ne s’emballent pas. Cependant, j’ai aimé que le récit prenne son temps afin de poser son univers et ses personnages. Ce rythme posé laisse ainsi assez de place aux études des naturalistes, mettant en avant l’attrait de la découverte scientifique et des enquêtes de longue haleine. J’ai beaucoup aimé cette façon de dépeindre le travail et le regard des chercheurs ainsi que la façon dont ils utilisent leurs esprits pour faire évoluer l’intrigue.

Je déplorerai juste une légère baisse de rythme lorsque l’expédition pose enfin le pied dans le village de Drustanev, en Vystranie, comme si une toute autre histoire démarrait ici. Et ce n’est pas si loin de la vérité, à vrai dire : l’équipe de naturalistes va se heurter à des problèmes inattendus qui, à eux seuls, recomposent une nouvelle intrigue. Cette fois, on entend surtout parler de légendes locales et de contrebande, de fausses pistes et de faux espoirs. J’ai trouvé que le tout tirait légèrement en longueur pour se dénouer très rapidement, en quelques dizaines de pages à peine. Mais malgré ce rythme inégal, j’ai bien accroché à l’histoire et cela m’a plu de découvrir un peu le village de Drustanev… Et les dragons !

D’ailleurs, parlons-en, des grosses bêtes à écailles ! Dans ce livre, point de magie. Les dragons ne sont plus que des animaux comme les autres. Ou pas… L’auteure a su leur donner un côté prédateur et sauvage fascinant et on ne peut que comprendre es sentiments d’Isabelle à leur égard. Ils sont impressionnants et les découvertes que feront les personnages principaux ne feront que rendre ces créatures plus tangibles aux yeux du lecteur. Sans être les acteurs principaux du livre, ils sont omniprésents, comme une ombre qui plane au dessus de la tête du lecteur. Le monde inventé par Marie Brennan respire le même air que les dragons.

Personnage préféré :
Les personnages secondaires n’était pas à l’honneur, à part peut-être Jacob, il me serait difficile de choisir quelqu’un d’autre que l’héroïne elle-même. Mais elle a beaucoup de traits de caractère qui me plaisent. J’aime son esprit analytique très fort et sa curiosité qui, parfois, prennent le pas sur ses émotions. Je trouve qu’Isabelle est un personnage féminin assez atypique pour ce côté presque froid, distancié de ses émotions au profit de la réflexion. Et dans le monde d’hommes dans lequel elle évolue, il lui faudra toute sa force de caractère et son sang-froid pour se faire une place. Malgré tout, elle reste quelqu’un de très passionné et ses émotions et ses réactions sauront se faire plus vives et spontanées. J’ai aimé ce contraste du personnage, cette force scientifique et émotionnelle qui me fait l’impression d’une vague inarrêtable. Ce que Lady Trent veut, elle l’aura !




Malgré un rythme inégal, ce roman atypique et superbement illustré présente un univers détaillé autour duquel l’ombre des dragons rôde constamment. On suit la jeune Isabelle au cours de ses luttes pour se faire accepter en tant que femme et naturaliste, on apprend avec elle ce qu’implique ce métier. Ce premier tome est un bon roman d’aventure qui permet aussi de redécouvrir les dragons sous un tout autre jour !

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