J’avais un peu peur en commençant La Lune est à Nous et, maintenant que je l’ai terminé, j’ai peur d’en parler.
Même après deux ans à tenir ce bébé-blog, ça m’est toujours aussi difficile de parler de livres qui me touchent aussi personnellement. La force et l’intensité de ces trois cents soixante-dix-sept pages m’ont époustouflé. Je peine déjà à trouver mes mots, à savoir par où commencer…
Arbitrairement et parce qu’il faut bien que je me lance, je vais commencer par les personnages. Au coeur de cette histoire, il y a Olive et Max, deux ados aux caractères bien différents, mais qui m’ont énormément touchés par leur humanité, par la facilité avec laquelle j’ai pu les comprendre et m’identifier à eux. Ils se complètent avec une alchimie rare, jusque dans leurs aventures. J’ai du mal à les imaginer l’un sans l’autre. L’image est naïve, mais ils m’ont vraiment donné l’impression d’être deux pièces d’un même puzzle.
Chacun d’eux a su me montrer ou me rappeler ce que je suis, ce que je pense ou ai pensé, … Par pudeur, je dirais simplement qu’il y a bien évidemment, une part extrêmement personnelle dans cet attachement.
Je suis également obligée de mentionner tous les personnages qui entourent ce merveilleux duos : les membres du Dépôt, le petit frère de Max, les Trois Grâces… Ce qui m’a frappée chez eux, c’est leur diversité de religion, couleur de peau, origines, orientations sexuelles, … Cette diversité est une force du roman, en offrant à chacun une vraie place, en montrant un groupe de personnage qui reflète la réalité bien plus que d’autres romans tout aussi contemporains. Les caractères bien trempés d’Imane, Seb, Val et les autres ont été une bouffée d’air frais pour moi.
Beaucoup des thèmes abordés par l’autrice de La Lune est à Nous sont liés à cette diversité. Les discriminations que subissent les personnages sur la seule base de leurs différences composent une grande partie de l’intrigue. Cindy Van Wilder n’épargne rien au lecteur et, je le dis comme je le pense, certains passages font l’effet d’une grande claque dans le museau. Pourtant, même quand l’autrice décrit ces injustices et la cruauté d’une société un peu trop formatée, elle ne cesse d’être d’une bienveillance absolue envers les personnages et ce qu’ils sont. Subtilement, sa maîtrise du texte lui permet de distiller ses messages, sa révolte et celle des personnages malgré la cruauté et les injustices qu’ils doivent affronter. De la même façon, elle a su montrer toute l’ambivalence d’un monde aussi ouvert que celui d’internet. Les réseaux sociaux sont à la fois un incroyable soutien pour les personnages… Et leur principal antagoniste. Alors que je m’interroge souvent sur le rôle d’internet dans nombre de romans un peu prompts à vouloir en montrer les dérives, c’est un soulagement de voir un roman qui se montre aussi juste, en montrant à la fois le pire et le meilleur peuvent y subsister.
Je me permets une petite digression sur l’écriture inclusive : Sous ce nom étrange se cache une règle d’écriture qui a récemment fait éclore quelques réactions outrées sur la toile. Son objectif est simple puisque son utilisation vise à gommer les inégalités de genres de notre langue. On dira par exemple de 999 femmes et un homme qu’ils sont allé.e.s au marché. Cette règle n’est pas imposée à qui que ce soit, nous sommes tous libre de l’utiliser ou non. S’en servir, c’est donc le choix qu’a fait Cindy Van Wilder. Au premier abord, j’ai été surprise de voir ces petits points apparaître ici et là dans une phrase… Parce que j’ignorais tout simplement que La Lune est à Nous utilisait l’écriture inclusive !
Et ça marche : une fois passée la surprise initiale, ma lecture n’a pas été entravée, je ne me suis pas fracturée de nerf optique ni foulé de paupière. Non, j’ai lu et apprécié le texte à sa juste valeur. Ce choix si simple m’apparaît comme une vraie démarche qui s’intègre si bien avec les valeurs que transmet La Lune est à Nous : en plus d’être une formidable ode à la diversité dans son thème et ses personnages, ce cri du coeur et cette volonté de faire une place à tout le monde se retrouve jusque dans l’utilisation de l’écriture inclusive.
La Lune est à nous est à la fois une bouffée d’air frais et une vilaine claque dans la figure. Mais il s’en dégage une aura de bienveillance qui fait du bien. La diversité est à l’honneur dans un roman bien plus dense qu’il n’y paraît. La justesse et la finesse avec laquelle Cindy Van Wilder présente ses personnages et traite les innombrables messages de ce livre en font, pour moi, un indispensable. Il ne pourra que faire faire du bien, secouer les esprits un peu trop fermés et redonner un peu d’espoir au lecteur.