5 mai 2017

L'Alchimie de la Pierre








Auteur : Ekaterina Sedia
Editeur : Le Belial'
Traduction : Pierre-Paul Durastanti










Couverture :
Si ce n'est pas la couverture qui m'a attiré l'oeil, j'ai malgré tout aimé détailler cette illustration de Nicolas Fructus : les rouages, les cheveux, les éclats de porcelaine... En fait, j'aime encore plus l'atmosphère qui s'en dégage après avoir terminé ma lecture et qui correspond étrangement à mon état une fois le livre terminé ! Cerise sur le gâteau : des illustrations en entêtes de chapitres en font un très bel objet !

Avis :
Tout d'abord, je ne peux que remercier Babelio et Le Bélial' pour m'avoir donné l'occasion de découvrir l'Alchimie de la Pierre.

là où le livre a tout de suite brillé, c'est par ses descriptions qui font la part belle aux couleurs et aux odeurs. L'autrice livre ainsi une vision vibrante de son univers et de la ville dans laquelle se déroule l'intrigue. Des tons colorés et chaleureux des beaux jours à la noirceur et à l'odeur de suie et de sang des combats, chaque nuance est maîtrisée, placée avec précision comme un coup de pinceau sur un tableau. Toute cette palette de couleurs et les odeurs associées n'ont pu que me happer pour me plonger au coeur de cet univers, directement aux côtés des personnages. Pourtant, c'est également un texte exigeant qui nécessite toute notre attention pour être vraiment compris et assimilé, mais le jeu en vaut largement la chandelle tant chaque phrase a sa place dans ce très beau texte.

On va ainsi y découvrir la vie et les déboires de Mattie, automate alchimiste au coeur d'une large cité jamais nommée. Les bouleversment qui vont suivre m'ont secouée à de nombreuses reprises : on y trouve à la fois de la beauté – celle du texte et celle de belles relations humaines – mais aussi tellement de cruauté. J'ai tourné les pages une à une, guidée par l'espoir d'y voir une éclaircie, jusqu'à la fin déchirante qui m'a laissée vide et triste. Et pourtant, même cette conclusion terrible laisse entrevoir un rien d'espoir.

Je ne vous cacherai pas non plus que de nombreux passages ne m'ont que trop rappelé notre monde : Les individus sacrifiés pour la politique des uns et la guerre des autres, les discriminations arbitraires et stupides qui broient des populations entières et qui brisent Mattie l'automate émancipée que personne n'accepte vraiment... Je n'ai pu qu'y voir une autre vision de notre monde, une version différente d'un système absurde qui va sacrifier des individus pour pouvoir continuer à fonctionner. Mais malgré la cruauté, l'absurdité et la violence, de belles choses arrivent et ajoutent un peu de douceur et d'espoir à cette histoire. Oui, j'ai eu le coeur serré par L'Alchimie de la Pierre parce que tout les personnages font preuve d'humanité, dans tout ce qu'elle a de pire et de meilleur.

Les scènes d'actions se font ainsi très rares et courtes pour laisser toute leur place aux personnages et même les passages les plus durs se déroulent parfois en huis clos, au sein d'une maison recouverte de rosiers... N'en attendez pas un rythme effrenné car, même si ces 250 pages passent très vite, l'intrigue prend plutôt une allure de lent crescendo implacable : Mattie ne peut rien empêcher et ça a été terrible de la voir se débattre en vain. Chaque progrès n'est qu'une illusion. Un moment est forcément venu où j'ai compris que cette histoire ne pouvait pas se finir bien. Même plusieurs jours après l'avoir refermé, écrire cette chronique me replonge dans la même amertume...

Personnage préféré :
Comment ne pas tous les aimer, je ne sais pas... Et surtout, comment ne pas apprécier Mattie ? Elle n'est pas faite de chair et de sang mais elle se montre pourtant bien plus humaine et compréhensive que bien des gens. J'ai beaucoup aimé la subtilité avec laquelle ce personnage mécanique se montre bien plus sensible qu'il n'y parait et comment, petit à petit, j'ai oublié complètement qu'elle est un automate.


Je crois qu'il y a assez peu de lectures qui, du début à la fin, font preuve d'autant d'humanité dans les sujets qu'ils traitent. Ekaterina Sedia nous offre un roman poétique, beau mais aussi très cruel. Dans cet univers, au fond, tous luttent pour trouver leur place, qu'ils soient femmes, ouvriers, orphelins... Ou automate émancipée qui ne rêve que de liberté.

3 commentaires:

  1. Eh bien, eh bien... je me le note x)

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  2. JE LE VEUX MÉCHANTE QUE J'AIME FORT.
    J'aime comment tu parles de livres. Mais tu me tentés trop.

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