19 déc. 2015

Horrostör






Auteur : Grady Hendrix
Editeur : Milan et demi
Format : Magazine Ikéa (non mais c'est vrai, hein. C'est super rigolo, je trouve)











Couverture :
Celle-ci, pour le coup, elle peut tromper un peu sur le contenu du livre, car oui, Horrostör, c’est un roman d’horreur. Enfin, pour se tromper, il faut oublier de regarder les tableaux du décor… Mais j’aime bien quand même l’idée de la jouer vrai / faux magasine d’ameublement. Un thème qu’on retrouve d’ailleurs dans tout le livre, aussi bien dans les rabats de couvertures qu’au début des chapitres. Et toutes ces petites touches sont assez bien exploitées pour refléter l’évolution de l’intrigue. Le tout donne un livre assez intéressant en tant qu’objet, et ça j’aime bien !


Résumé :
Il se passe quelque chose d'étrange au magasin de meubles d'Orsk à Cleveland, en Ohio. Ces derniers temps, les employés découvrent, en arrivant le matin, des étagères Kjërring démontées, des piles de gobelets Glans renversées, des armoires Liripip fracassées...
Les ventes sont en berne, les responsables de rayon en panique : les caméras de surveillance ne montrent rien d'anormal.
Pour lever le mystère, une équipe de trois employés se retrouve engagée pour rester sur place toute une nuit. Au coeur de l'obscurité, ils arpentent les allées du showroom désert, courent après d'inquiétants bruits et finiront pas se confronter aux pires horreurs...


Avis :
Horrostör prend le parti assez gonflé de nous emmener dans un grand magasin d’ameublement pour poser son intrigue. Et ça marche plutôt bien d’une façon globale. Les environnement sont assez bien exploités et la présence des meubles de l’enseigne Orsk est quasi omniprésente. C’est un contexte assez original qui donne une bonne partie de son intérêt à l’intrigue. Comme je le disais dans le paragraphe sur la couverture, on retrouve au début des chapitres des pages présentant un meuble mentionné dans le livre. Même si ce ‘gimmick’ semble inutile au premier abord, il se trouve que ces pages vont évoluer en même temps que l’intrigue progresse vers le surnaturel et l’horreur. Cependant, le stratagème n’a pas toujours très bien fonctionné pour moi car la mention des noms farfelus comme “Liripip” ou “Brooka” dans le texte me faisaient plutôt sourire. C’est un peu dommage pour un roman d’épouvante !


On retrouve également une critique des grands magasins et de l’industrie de consommation, en trame du récit. Bien que cette critique soit plutôt pertinente, je ne l’ai pas trouvée vraiment originale. Loin de soulever de nouveaux points ou de nouvelles interrogations, elle a cependant le mérite de mettre en valeur de façon originale les défauts intrinsèques à la culture d’entreprise de certaines enseignes. J’ai été un peu déçue que le propos n’aille pas un peu plus loin en profondeur, car je n’ai pas trouvé beaucoup de grain à moudre pour réfléchir sur le sujet. Mais je dois bien avouer que la forme du roman horrifique sied plutôt bien à cette critique et qu’il était néanmoins plaisant de la découvrir sous cette forme.


L’intrigue, quant à elle, sans être un monstre d’originalité, est assez prenante. Bien que l’on devine assez aisément certains évènements, cela fonctionne bien. On tourne les pages sans s’en apercevoir vraiment et la brièveté du livre (à peine plus de 200 pages) ne laisse pas vraiment de place à l’inutile. L’histoire avance donc vite et le rythme soutenu ainsi que l’écriture simple mais percutante contribue à faire vivre l’intrigue et à plonger le lecteur dans son univers. J’ai vraiment passé un bon moment de lecture, même si les éléments horrifiques m’ont semblé, le plus souvent, un peu fade et ne m’ont pas vraiment impressionnés en dehors de quelques passages un peu ‘gore’. On y retrouve principalement une horreur très graphique, comme dans tout fil d’horreur classique. Pour moi, c’est un genre d’horreur qui fonctionne assez peu. Je suis plutôt fervente des horreurs et tortures psychologiques bien tordues à la Lovecraft, mais malgré tout, quelques images bien sales ne manqueront pas d’avoir leur petit effet.


J’ai donc passé un bon moment avec Horrostör, mais j’ai tout de même regretté le manque de profondeur des personnages. Le seul qui soit un minimum développé, c’est Basil et même l’héroïne, Amy, n’a droit qu’à un traitement relativement superficiel malgré une légère évolution entre le début et la fin du roman. Les autres personnages ? On peut à peu près les oublier. Presque des personnages fonction, ils disparaissent ou apparaissent au cours de l’intrigue sans apporter quoi que ce soit de vraiment intéressant. Aussi, je ne me suis pas vraiment attachée à eux tout comme je ne me suis pas réellement sentie impliquée dans leurs aventures. Cependant, il faut noter qu’ils au moins la décence de prendre quelques décisions intelligentes loin de certains clichés, en évitant notamment de se séparer en “groupes de 1” alors qu’un danger les menace… Et ça, mine de rien, c’est important !!


Personnage préféré :
Sans trop de surprise vu que que j’ai dit plus haut, ma préférence ira à Basil. Alors qu’Amy, héroïne un rien antipathique (mais on lui pardonne au vu de son histoire) le décrit comme un personnage complètement aliéné par Orsk et antipathique au possible, on découvre au fil des péripéties un Basil bien différent, le rendant plus attaquant que tout les autres personnages, même l’héroïne. Entre ce qu’on nous dit au début du roman et ce qu’on découvre sur lui au fil de l’histoire, c’est le personnage qui connaît la plus forte évolution, et en bien.





Horrostör est un roman horrifique plutôt bien mené malgré des personnages peu attachants et une critique des grandes enseignes des magasins relativement convenue. Le tout se laisse néanmoins lire avec beaucoup de facilité et j’ai été très vite prise dans l’intrigue. Porté par un rythme soutenu et un contexte original, Horrorstör est un roman agréable à lire, en plus d’être un très beau livre-objet de par sa conception au format rappelant les magazines Ikea !

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